vendredi, juillet 18, 2025
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« Retour du rabot » : les syndicats dénoncent le plan choc de Bayrou pour 2026

François Bayrou annonce un plan choc pour 2026 avec 3 000 suppressions de postes dans la fonction publique et une règle drastique dès 2027. Les syndicats crient au « retour du rabot » face à cette troisième année blanche consécutive. Qu’implique réellement cette stratégie d’économies pour les agents publics ?

Le Plan Bayrou : Quand L’État « Montre L’Exemple » Sur Le Dos Des Fonctionnaires

Mardi 15 juillet, François Bayrou a sorti sa calculette. Le Premier ministre a dévoilé son plan pour économiser 43,8 milliards d’euros. Une somme qui donne le vertige, comme si on demandait à tous les Français de se serrer la ceinture d’un cran supplémentaire.

Pour justifier ces coupes, Bayrou assure que « l’État va montrer l’exemple ». Traduction : c’est la fonction publique qui va trinquer en premier. Au menu, la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires. Imaginez une ville de la taille de Millau qui perdrait tous ses emplois publics d’un coup.

La mesure la plus sévère ? À partir de 2027, seulement deux agents sur trois partant à la retraite seront remplacés. C’est comme si votre entreprise décidait de ne pas embaucher pour remplacer un tiers des départs naturels. Le service public risque de fonctionner avec moins de bras, mais la même charge de travail.

Les fonctionnaires subissent déjà une « année blanche » – comprenez : aucune augmentation de salaire cette année. C’est la troisième fois consécutive. Pendant que l’inflation grignote leur pouvoir d’achat, leurs salaires restent figés. Une situation qui commence sérieusement à peser sur le moral des troupes.

Réorganisation Mode D’Emploi : Fusions, Suppressions Et « Réinternalisations »

Derrière les 3 000 suppressions de postes annoncées se cache un grand chambardement administratif. François Bayrou compte restructurer les opérateurs et agences de l’État. Imaginez un grand rangement de printemps, mais version administration française.

Le gouvernement prévoit des « réinternalisations », des fusions et des suppressions pures et simples. En français courant ? Certains organismes publics vont disparaître, d’autres vont fusionner, et quelques missions reviendront directement dans les ministères. C’est comme réorganiser sa maison : on vire ce qui ne sert plus, on regroupe les pièces similaires, et on ramène certaines activités dans le salon principal.

Concrètement, entre 1 000 et 1 500 emplois seront supprimés dès 2026 dans ces restructurations. Une saignée qui touchera d’abord les doublons et les structures jugées redondantes. Le terme « réinternalisation » signifie qu’au lieu de confier une mission à un organisme externe, l’État la récupère en interne pour économiser les frais de structure.

L’idée ? Faire du ménage dans le millefeuille administratif français pour optimiser les coûts. Mais cette logique comptable ne prend pas forcément en compte l’impact sur ceux qui font tourner la machine au quotidien.

Trois Ans De Disette : Pourquoi Les Fonctionnaires Tirent La Langue

Mais au-delà des restructurations, ce sont les agents eux-mêmes qui paient le prix fort. Cette année encore, c’est « l’année blanche » pour les fonctionnaires. Comprenez : aucune augmentation de salaire, aucune revalorisation. Comme si on gelait votre salaire pendant que les prix du supermarché continuent de grimper.

Et ce n’est pas nouveau. Voilà trois années consécutives que les agents publics voient leur pouvoir d’achat s’éroder. Imaginez : votre salaire reste le même depuis 2023, mais votre baguette, votre essence et votre loyer ont pris l’ascenseur. La potion est particulièrement amère quand on sait que l’inflation a grignoté environ 10% du pouvoir d’achat en trois ans.

Une « année blanche », c’est le terme administratif poli pour dire « pas d’augmentation cette année ». Ni revalorisation générale pour tous, ni mesures catégorielles pour certains corps de métiers. Un gel total qui touche aussi bien l’instituteur de maternelle que le contrôleur des impôts.

Cette politique d’austérité salariale transforme progressivement les agents publics en variables d’ajustement budgétaire. Pendant que l’État économise sur leurs salaires, ils voient leur niveau de vie fondre comme neige au soleil. Une situation qui commence sérieusement à échauffer les esprits dans les syndicats.

La Colère Syndicale : « Le Retour Du Rabot » Dénoncé

Et effectivement, les syndicats ne mâchent pas leurs mots. Face aux annonces de Bayrou, c’est un tollé général. Le projet gouvernemental ? « Inacceptable » selon eux. Pas de surprise, mais une colère qui se cristallise après trois années de vaches maigres.

Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques, résume l’exaspération ambiante : « _Les agents publics sont mis à contribution depuis un moment, c’est la troisième année blanche consécutive, ça devient très compliqué_ ». Traduction : les fonctionnaires en ont ras-le-bol de servir de variable d’ajustement.

Mais ce qui agace le plus les représentants syndicaux, c’est la méthode. « C’est le retour du rabot », dénonce Mylène Jacquot. Le rabot, cette vieille méthode qui consiste à couper dans les effectifs sans réfléchir. Comme si on réduisait la taille d’une planche en rabotant, sans se demander si elle tiendra encore le coup.

Le reproche va plus loin : « _on ne se pose toujours pas la question des politiques publiques à mettre en œuvre_ ». En clair, le gouvernement supprime des postes sans réfléchir aux missions que ces agents accomplissent. Doit-on fermer des services ? Réduire la qualité ? Personne ne pose ces questions essentielles.

Cette critique touche un point sensible : peut-on vraiment faire mieux avec moins d’agents, ou sacrifie-t-on simplement le service public sur l’autel des économies ?

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