L’administrateur de la faillite de BlockFi et le Département de la Justice américain viennent de mettre fin à un litige de 5 millions de dollars qui durait depuis deux ans. Cette résolution marque une étape cruciale dans la saga judiciaire de la plateforme de prêt crypto, dont l’effondrement spectaculaire en 2022 avait laissé plus de 100 000 créanciers dans l’attente. Ce que révèle cet accord sur les actifs gelés et les implications pour les investisseurs lésés pourrait bien redéfinir la manière dont les autorités américaines traitent les faillites crypto à l’avenir.
L’Affaire BlockFi Vs DOJ : Deux Ans De Bataille Judiciaire Qui Se Termine
Parfois, les règlements judiciaires arrivent dans le silence, loin des projecteurs. C’est exactement ce qui vient de se passer entre BlockFi et le ministère américain de la Justice : après deux années de conflit, les deux parties ont décidé d’enterrer la hache de guerre.
L’histoire commence en mai 2023. Le DOJ réclame alors 5 millions de dollars d’actifs stockés dans les comptes BlockFi. Leur argument ? Ces fonds appartiendraient à deux ressortissants estoniens impliqués dans une affaire de fraude. Armé de mandats légaux, le gouvernement américain estime avoir tous les droits sur cet argent qu’il considère comme le produit d’activités illicites.
Problème : BlockFi traverse sa propre tempête depuis novembre 2022. La plateforme de prêt crypto a fait faillite après l’effondrement retentissant de FTX, et ses créanciers ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, chaque dollar qui sort des caisses, c’est autant de chances en moins de récupérer leurs billes.
Un groupe de créanciers non garantis décide donc d’attaquer le DOJ en justice. Leur crainte ? Que ces transferts d’actifs réduisent leurs maigres espoirs de récupération.
Vendredi 11 juillet, le juge Michael B. Kaplan a approuvé l’accord de paix. Les deux camps abandonnent leurs poursuites « avec préjudice » – autrement dit, impossible de relancer l’affaire plus tard. Chacun paiera ses propres frais d’avocat et tirera un trait sur cette bataille.
Retour Sur La Chute De BlockFi : Quand FTX A Tout Fait S’Effondrer
Cette bataille judiciaire trouve ses racines dans l’un des plus gros tremblements de terre de l’histoire crypto : l’effondrement de FTX en novembre 2022.
BlockFi semblait pourtant solide. Cette plateforme de prêt crypto permettait aux particuliers d’emprunter ou de prêter leurs cryptomonnaies, un peu comme une banque traditionnelle mais version numérique. Le problème ? BlockFi avait misé gros sur FTX, cette bourse crypto qui paraissait inébranlable avec son patron Sam Bankman-Fried, alors considéré comme le golden boy de la finance décentralisée.
L’exposition était colossale : 1,03 milliard de dollars en prêts impayés à FTX. Imaginez prêter plus d’un milliard à votre voisin et découvrir du jour au lendemain qu’il a tout perdu au casino. C’est exactement ce qui est arrivé à BlockFi.
Quand FTX s’est écroulé comme un château de cartes en novembre 2022, BlockFi a encaissé le choc de plein fouet. Quelques jours seulement après la débâcle, la plateforme déposait le bilan sous le Chapitre 11 – la procédure américaine qui permet aux entreprises de se réorganiser tout en étant protégées de leurs créanciers.
Ces « événements cygne noir » – comme les appellent les économistes pour désigner ces catastrophes imprévisibles – ont créé un effet domino dévastateur. FTX tombe, BlockFi suit, et avec eux, des dizaines de milliers d’épargnants se retrouvent dans l’incertitude la plus totale.
Les Créanciers Dans La Tourmente : 100 000 Personnes Concernées
Derrière ces chiffres astronomiques se cachent des visages humains. 100 000 créanciers se sont retrouvés pris au piège de cette faillite, avec un total de 10 milliards de dollars réclamés à BlockFi.
Pour mieux comprendre l’ampleur du désastre, imaginez un immeuble de 100 000 appartements où chaque locataire a perdu une partie de ses économies. Certains avaient confié quelques milliers d’euros, d’autres leurs économies de toute une vie. Tous attendent de récupérer au moins une partie de leur mise.
Parmi ces créanciers figurent aussi des poids lourds de la finance : Ankura Trust, la SEC (le gendarme américain des marchés financiers), et même le défunt hedge fund Three Arrows Capital. Une véritable chaîne de dominos où chaque maillon était lié aux autres.
Face au projet du DOJ de récupérer ces fameux 5 millions de dollars, un groupe de créanciers non garantis – ceux qui n’ont aucune garantie sur leurs créances – s’est organisé. Leur raisonnement ? Chaque dollar qui sort de la masse de la faillite, c’est un dollar de moins à partager entre eux.
« Nous ne pouvons pas laisser partir cet argent alors que nos propres récupérations sont déjà incertaines », expliquaient-ils en substance. Une bataille de chiffonniers autour d’un magot qui se rétrécit comme peau de chagrin.
Cette résistance organisée illustre parfaitement l’état d’esprit des investisseurs crypto : même dans l’adversité, ils se battent pour défendre leurs intérêts.
Le Marché Crypto Aujourd’hui : Entre Stabilité Et Enjeux Réglementaires
Pendant que les créanciers de BlockFi se battent pour récupérer leurs billes, le marché crypto dans son ensemble affiche une santé plutôt rassurante. 2,64 trillions de dollars de capitalisation totale, soit une légère progression de 0,17% sur la journée.
Pour vous donner une idée de cette somme vertigineuse, c’est comme si on empilait l’équivalent du PIB de la France… treize fois ! Bitcoin garde son statut de roi incontesté avec 63,9% de parts de marché, représentant à lui seul 2,33 trillions de dollars. Un mastodonte qui écrase littéralement la concurrence.
Mais la vraie bataille se joue ailleurs cette semaine : au Congrès américain. Les députés s’apprêtent à débattre de trois textes de loi cruciaux qui pourraient redessiner le paysage crypto. Au menu : le CLARITY Act, l’Anti-CBDC Surveillance State Act, et le GENIUS Act du Sénat.
Ces noms barbares cachent en réalité des enjeux simples : comment encadrer les cryptomonnaies sans les étouffer ? C’est un peu comme établir le code de la route pour des voitures volantes – il faut des règles, mais pas trop restrictives pour ne pas tuer l’innovation.
L’objectif affiché ? Créer un cadre réglementaire qui encourage l’adoption des actifs numériques tout en protégeant les utilisateurs. Une équation délicate entre liberté et sécurité, dans un secteur où les scandales comme BlockFi rappellent régulièrement l’importance de la vigilance.
