vendredi, juillet 18, 2025
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Les mesures radicales du Sénat pour économiser 50 milliards : « année blanche » et jour de carence aligné sur le privé

À quelques jours de la présentation du plan de redressement des finances publiques par François Bayrou, le Sénat dévoile ses propres recommandations pour économiser jusqu’à 50 milliards d’euros. « Année blanche » pour certaines dépenses, alignement des jours de carence des fonctionnaires sur le privé, gel des prestations sociales… Ces mesures pourraient transformer radicalement l’approche budgétaire française. Ce que révèle cette contribution parlementaire sur les sacrifices à venir soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre rigueur budgétaire et justice sociale.

Budget 2026 : Le Sénat Sort De Sa Réserve Pour Sauver Les Finances Publiques

François Bayrou a jusqu’au 15 juillet pour présenter son plan de redressement. 40 milliards d’euros à économiser pour ramener le déficit français à 4,6% du PIB en 2026. Une montagne à gravir qui fait trembler Matignon.

Le Sénat a décidé de ne pas rester les bras croisés. Sous la houlette de Gérard Larcher, cinq groupes politiques de droite et du centre ont planché sur leurs propres solutions. Résultat : une liste de mesures d’économies pour un effort total de 30 à 50 milliards d’euros, directement transmise au Premier ministre.

« On a fait le pari de ne pas rester planqué, à regarder les choses de loin. Nous préférons participer, apporter notre contribution avec lucidité et honnêteté », explique Jean-François Husson, rapporteur général du budget au Sénat. Une démarche inédite qui tranche avec l’habituelle réserve de la chambre haute.

Les sénateurs prônent un effort collectif, assez équilibré et marqué du sceau de la sincérité. Leur message est clair : plutôt que de critiquer depuis les gradins, ils préfèrent retrousser leurs manches et proposer des solutions concrètes.

Cette initiative sénatoriale arrive à point nommé. Elle offre à François Bayrou des pistes alternatives pour construire son propre plan, tout en montrant qu’une partie du Parlement est prête à assumer des choix difficiles.

L’année Blanche : Quand L’État Se Met Au Régime Sec

Ces solutions concrètes que promettent les sénateurs passent d’abord par une cure drastique. Leur première recommandation ? L’année blanche pour les dépenses publiques. Concrètement, cela signifie geler tous les crédits budgétaires accordés par l’État.

Mais attention, pas question de toucher à tout. Les sénateurs épargnent trois postes intouchables : la défense, la contribution au budget européen et le remboursement de la dette. Pour le reste, c’est régime sec intégral.

Cette cure d’austérité pourrait rapporter gros. La commission des Finances estime les économies potentielles entre 10 et 22 milliards d’euros. Le calcul le plus optimiste prend comme référence le budget 2019, celui d’avant la pandémie.

Pourquoi 2019 ? Parce que c’est le point de départ de ce que les sénateurs appellent pudiquement la dérive. Entre 2019 et 2025, les finances publiques ont dévissé de 91 milliards d’euros. Si on retire l’inflation, la facture reste salée : 36 milliards.

Les parlementaires veulent aussi réinterroger les lois de programmation déjà votées. Traduction : remettre en question les budgets promis à l’Intérieur, à la Justice et à la Recherche.

Autre mesure choc : ne pas indexer les prestations sociales sur l’inflation en 2026. Une économie de 5 milliards sur les comptes sociaux et 15 milliards sur le budget de l’État.

Cette année blanche ne concerne pas que les ministères. Elle vise aussi directement les agents publics.

Fonctionnaires Dans Le Viseur : Les Mesures Qui Font Débat

Les agents publics découvrent l’ampleur des sacrifices demandés. Premier coup de rabot : ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique d’État. Cette mesure radicale générerait 500 millions d’euros d’économies sur la masse salariale.

Mais ce n’est pas tout. Les sénateurs veulent aligner les jours de carence des fonctionnaires sur ceux du privé. Actuellement fixé à un jour, ce délai passerait à trois jours avant le versement des indemnités maladie. L’économie escomptée ? 200 millions d’euros supplémentaires dans les caisses de l’État.

Cette harmonisation avec le secteur privé s’inscrit dans une logique d’équité, arguent les parlementaires. Pourquoi les fonctionnaires bénéficieraient-ils d’un régime plus favorable ?

Les collectivités territoriales ne sont pas oubliées. Le Sénat accepte qu’elles participent à l’effort, mais pose une limite : deux milliards maximum. Un plafond qui témoigne de la volonté de ne pas étrangler les communes et départements.

Ces mesures touchent directement le quotidien de millions d’agents publics. Entre gel des remplacements et durcissement des arrêts maladie, c’est tout un modèle de fonction publique qui pourrait être repensé.

L’addition s’alourdit : 700 millions d’euros rien que sur ces deux mesures. Reste à convaincre les syndicats et les fonctionnaires concernés.

La Chasse Au Gaspi : 15 Milliards Dans Le Millefeuille Administratif

Au-delà des fonctionnaires, c’est toute la machine administrative qui doit être repensée. Les sénateurs ciblent un mastodonte : le millefeuille administratif français et ses doublons coûteux.

Premier filon : simplifier cette bureaucratie tentaculaire. Le rapport du maire de Charleville-Mézières, Boris Ravignon, ouvre une mine d’or budgétaire. Entre 3,8 et 7,5 milliards d’euros pourraient être récupérés en rationalisant les structures qui se marchent sur les pieds.

Les agences et opérateurs de l’État font aussi les frais du nettoyage. 500 millions d’économies sont dans le viseur grâce à leur rationalisation. Trop d’organismes, trop de missions qui se recoupent, trop de gestion dispersée.

Autre piste juteuse : traquer la fraude fiscale. La lutte contre le contournement de l’impôt sur les dividendes, surnommée « fraude CumCum », pourrait rapporter 1,5 milliard d’euros. Un jackpot qui dort dans les méandres de l’optimisation fiscale.

Les normes coûteuses imposées aux collectivités représentent encore 1,7 milliard d’économies potentielles. Un allègement qui soulagerait communes et départements tout en redressant les comptes publics.

Cette chasse au gaspi administratif dessine les contours d’un État plus efficient. Reste à savoir si François Bayrou retiendra ces pistes dans son plan du 15 juillet.

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